Souci d'urbanisme en 1795
Requête de la Municipalité de Trans aux Administrateurs du district de Draguignan.
" Citoyens, le bourg de Trans est réduit à un bien petit espace, étant cerné, au nord et au levant par la rivière Nartuby et des précipices, et au midi et au couchant par l'enclos national (il s'agit du château et du parc du ci-devant seigneur confisqué par la nation après l'exécution du marquis Louis-Henry de Villeneuve à Paris le 4 prairial an II), de manière que les habitants ne pouvant avoir des emplacements pour construire des maisons en proportion de leur nombre, se trouvent entassés et manquent surtout d'usines de ménage (commodités de cuisine et de lavage). Ils désirent que cet enclos soit divisé de manière qu'il puisse être bâti des maisons à suffisance. Mais les maisons exigent des rues et des alignements convenables pour que l'air ne soit pas intercepté. Les experts que vous avez commis pour faire des divisions des biens du condamné Villeneuve doivent être autorisées de votre part pour tracer les rues et laisser leur espace libre et sans être compris dans les objets à vendre. C'est pour leur donner des pouvoirs suffisants que la Municipalité vous observe : 1° Que l'allée de l'enclos qui se trouve au couchant et qui tire du nord au sud (actuellement Montée de la Cotte), appartient à la Commune, étant le chemin qui conduit à Lorgues et à divers quartiers du terroir, et ayant été enfermé dans cet enclos par abus, ce qui peut nuire au droit de propriété de la Commune, qu'elle réclame par notre ministère. 2° Qu'il soit tiré une ligne de maisons depuis le parterre (jardin fleuriste situé en face de la façade sud du château du côté gauche de la rue actuelle du Parterre) de l'enclos jusqu'à la fontaine publique (angle des rues actuelles Nationale et de l'Hermitage), tirant du nord au sud et formant parallèle avec la maison et fabrique de soie du citoyen Antoine Ricaud (immeuble appartenant à M. Emile Reynier et local industriel appartenant à M. Vadon). Mais si les maisons étaient bâties au bord du terrain de cette partie (c'est-à-dire, si elles s'alignaient sur la façade du château qui avance sur la rue Nationale), la rue se trouverait trop étroite à cause du passage fréquent. Il faudrait donc, pour la rendre commode, qu'elle fut élargie de deux tiers (environ 4 mètres) au moins et que les experts puissent déterminer que cet espace servirait à la voie publique et ne serait pas compris dans la vente. 3° Qu'une autre rue peut être tracée au couchant de la maison (du château) tirant du couchant au levant, comprenant l'allée des tilleuls et s'alignant avec les bâtiments supérieurs du midi et du nord. Cette rue aboutirait au canal public (cette rue se serait développée parallèlement à la façade nord du château et aurait abouti à l'actuelle rue Nationale ; elle aurait été complétée en T par l'allée des tilleuls). 4° Que l'allée des Ormeaux qui sépare la partie supérieure de l'enclos de la partie inférieure, le long du canal public, ainsi que les petits espaces qui se trouvent entre le canal et l'allée doivent être conservés dans leur largeur, en raison de ce que cette allée sert de chemin le long de ce canal pour l'usage des habitants qui ont le droit d'arroser, du citoyen Ricaud pour les eaux de sa fabrique de soie, de la Commune pour les eaux du moulin à huile qu'elle a fait construire dans ce quartier, et des propriétaires qui feront l'acquisition des trois moulins à huile de la République situés au même quartier (moulins de MM. Joseph Raynaud, Lorenzi et Saurin), indépendamment que ce chemin est nécessaire pour le passage des acquéreurs des lots de la partie supérieure de l'enclos (cette grande voie serait partie de l'angle des rues Nationales et du Cassivet. Elle aurait coupé obliquement l'extrémité de la rue projetée au 3°, et, suivant alors le canal, elle aurait abouti sur la côte un peu avant le passage à niveau). Le requête explique ensuite que la plus-value donnée aux emplacements situés sur les voies projetées compenserait la non aliénation de leur sol.
Note : Cette requête n'a pas eu satisfaction par suite de la mise en adjudication tardive des biens du Seigneur. Les événements avaient marché depuis sa mort. Bientôt on les rendit aux héritiers du condamné. Leur vente à laquelle il fut procédé sur licitation en 1803, se fit sans tenir compte des demandes présentées par la Municipalité de Trans. Cette inobservation d'un voeu exprimé en vue de l'intérêt général, fut aussi regrettable pour le pays que pour les possesseurs des biens vendus. Les rues projetées auraient permis à la population de Trans de s'accroître, et elles auraient donné une bien plus grande valeur aux terrains.
Source : Les Archives de Trans en Provence n° 25 - septembre 1932 - Jean Barles et quelques commentaires de Nadine
Cet article sera en deux parties. Je vais tout d'abord vous expliquer le plan ci-dessus. Puis, dans un autre article qui suivra je vous parlerai du contrat passé entre Louis Henry de Villeneuve marquis de Trans et son jardinier, Joseph Garcin dit Perlon pour l'entretien du parc de son château.
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