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Trans en Provence au fil de la Nartuby
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4 novembre 2016

Insubordination envers le procureur fiscal

Habit XVIIIe

 

Le procès-verbal ci-après ne donne pas l'impression que le peuple avait, au milieu du XVIIIe siècle, un très grand respect des autorités civiles et ecclésiastiques.

 

"L'an 1748 et le 13 du présent mois de mai, faisons savoir, nous, Paul-Antoine Goiran, procureur fiscal en la juridiction de ce lieu de Trans, qu'ayant entendu le jour d'hier, jour du St Dimanche, 12 du courant, sur les huit heures du matin, qu'il se faisait un grand tumulte devant la porte de la paroisse de ce lieu, nous y serions porté, pour empêcher, suivant le dû de ma charge, les désordres qui pourraient s'en suivre, - nous aurions trouvé parmi une foule des paysans du lieu, Estienne M. et Jacques G. , qui étaient aux prises et se battaient ensemble ; et que le dit M. proférait une infinité de blasphèmes et des paroles sales. Auquel moment serait survenu Mr Jacques-Philippe Louic, prêtre prieur de la paroisse de ce lieu, qui aurait fait tous ses efforts pour empêcher la profanation de ce saint lieu, en voulant chasser ces deux combattants par des menaces, en leur disant qu'il les ferait punir s'ils ne cessaient. Auxquelles paroles le dit M. indifférent, n'aurait répondu que par des insolences et des plus vilaines saletés et, qui plus est, se serait licencié de porter ses mains sur le dit prieur pour le battre. Sur quoi, nous dit procureur fiscal, aurions pris au corps le dit M, pour l'empêcher dans ses excès et violences envers le dit Sieur prieur, et nous l'aurions ordonné de se retirer sans raisonner davantage ; à quoi le dit M. feignit d'obéir. Au lieu de ce faire, il fut attaquer une seconde fois le dit Jacques G., qui était avec de ses amis derrière la paroisse. Et ce seraient encore iceux repris et battus, ce qui causait un grand tumulte par le monde qui y accourait. Nous, procureur fiscal, y fûmes pour la seconde fois et avons ordonné au dit M. de lâcher le dit G. et de se retirer. A quoi le dit M. aurait refusé d'obéir, proférant des menaces contre moi et contre ma charge, et qui se moquait de tout ce que je lui disais en passant tout autre ; ajoutant même qu'il était indépendant de mon autorité et maître de ses volontés. Ce que le dit M. aurait répété par diverses fois à l'aspect de toute la foule de monde qui était présent, ainsi que je l'ai considéré, ce qui est une offense contre la justice, et qui peut donner lieu à d'autres mutins ne se vouloir pas se soumettre à ceux qui ont droit de commander, nous, procureur fiscal, l'aurions menacé de le faire emprisonner pour le punir de ses insolences, et tout de suite le dit M. avec une fureur inexprimable, se serait saisi de pierres pour me tirer et se serait licencié de me porter la main à l'estomac et aux cheveux, et me continuant des plus fortes injures, et même dans le moment il aurait mis la main dans sa poche pour prendre son couteau et me maltraiter, et il m'allait frapper d'une grosse pierre qu'il tenait de l'autre main, sans le Dr Sauteron, bourgeois de ce lieu, qui l'a empêché en lui retenant le bras, sans quoi nous, procureur fiscal, aurions demandé main forte, laquelle nous aurait été refusée par la fuite du monde et celle du dit M.

 

Lequel M. une heure et demie après, ou environ, serait venu déguisé sous un habit de soldat avec son chapeau tout abattu et en épée, - passant diverses fois au devant de nous, procureur fiscal, promenant avec mes amis la place, au devant de la paroisse, et entr'autres le Sr Jacques Bellon, bourgeois de ce lieu, lequel ayant reconnu le dit M. sous cet habit de soldat et avec l'épée, se serait avancé de lui pour l'exhorter à rester tranquille et être sage, - ayant tout de suite le dit M. mis l'épée à la main. Le dit Sr Jacques Bellon lui aurait sauté dessus, levé l'épée qu'il tenait dans sa main et nous l'aurait remise, ayant cru de notre devoir de dresser notre présent procès verbal déclarant ne voulant point faire partie, sauf à MM. les gens du roy d'agir ainsi qu'ils trouveront à propos pour l'intérêt public".

 

En foy de quoi, nous avons signé le dit procès verbal que nous avons fait attester à Mre Jacques-Philippe Louic, prieur de cette paroisse ; par les Srs Joseph de La Plane, Barthélemy Sautenon, Jacques Bellon, bourgeois de ce présent lieu de Trans et par Jean Parian, fils, travailleur de ce lieu, qui ont signé avec nous. - Signé : Goiran, Pr fiscal, Louic, prieur, Sauteron, Bellon, J. La Plane, Jean Parian.

 

Source : Les Archives de Trans en Provence N°40 - Jean Barles.

 

Soldat

 

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Commentaires
L
Les époques, les siècles passent, et rien n'est jamais trop simple ou facile.<br /> <br /> Bonne fin de semaine, bien pluvieuse...<br /> <br /> <br /> <br /> Amitiés, pensées affectueuses.
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