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Trans en Provence au fil de la Nartuby
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5 octobre 2016

Les bourgeois d'autrefois à Trans (1)

 

Le Nain la Réunion musicale

 

Dans les documents de la première moitié du XVIIème siècle, on voit apparaître pour la première fois à Trans, des gens à qui on donne le qualificatif de "bourgeois". Jusque là ce terme ne c'était jamais appliqué à des Transians ; on le connaissait et on l'employait, mais pour désigner des bourgeois étrangers au village, par exemple des bourgeois dracénois avec lesquels la communauté ou des particuliers se trouvaient en rapport. En effet, jusqu'à la fin du XVIème siècle, à l'exception du Seigneur (de Villeneuve) et des trois prêtres desservant la paroisse, il n'y avait à Trans que des paysans. Certains d'entre eux étaient occasionnellement des artisans, mais sans cesser pour autant d'être paysans ; les deux notaires eux-mêmes (seule profession intellectuelle) ne négligeaient pas les travaux des champs. Ceux qu'on se met à appeler "bourgeois" au début du XVIIème siècle sont des fils de propriétaires aisés, qui ne sont plus dans l'obligation de travailler de leurs mains pour vivre. Leurs parents leur ont fait acquérir une certaine instruction et souvent ils exercent des professions libérales, notamment celle d'avocat. Ces bourgeois et leurs descendants étaient appelés à jouer un rôle très important dans la vie de la communauté. Ils connaîtront leur apogée au XVIIIème siècle et ils disparaîtront peu à peu au cours du XIXème siècle. Il est donc intéressant de suivre les étapes successives de l'évolution de cette catégorie sociale pendant près de trois siècles. La documentation dont on dispose permet tout d'abord de saisir sur le vif le concours de circonstances qui faisait un bourgeois. En effet, un exemple concret nous en est donné dès l'origine. Le qualificatif apparaît en 1636 dans les circonstances suivantes : un jeune homme de vingt ans, Angelin Goiran, épouse la fille d'un marchand dracénois et, dans son acte de mariage, il est qualifié de "bourgeois" ; vers la même époque on l'appelle "praticien" ce qui paraît indiquer qu'il est gradué en droit. Son père, Joseph Goiran, alors décédé, était un "ménager" : c'est-à-dire, un paysan à qui l'exploitation de ses terres permettait normalement de vivre sans avoir à s'employer pour autrui ; cependant, son patrimoine foncier n'était pas des plus importants. Joseph Goiran avait épousé Madeleine Geoffroy dont le frère, messire Barthélemy Geoffroy, était le prieur de Trans. Cette famille Geoffroy était aussi une ancienne famille de ménagers. C'est vraisemblablement cet ecclésiastique (instruit puisque Docteur en Théologie) qui a orienté son neveu vers les études et les professions juridiques : Angelin Goiran, "praticien" sera lieutenant de Juge (c'est-à-dire suppléant au Juge seigneurial) puis notaire. Messire Barthélemy Geoffroy avait un autre neveu, François, frère d'Angelin, qu'il dirigea vers l'état ecclésiastique. Cet oncle prieur, qui est à la tête d'un patrimoine immobilier important, le laissera à son neveu Angelin qui, au cadastre de 1653, occupera le neuvième rang des fortunes. Angelin Goiran a épousé la fille d'un marchand dracénois, la demoiselle Cavalier. Elle a apporté en mariage une dot de 1.880 livres, ce qui est relativement important pour l'époque à Trans. Angelin Goiran meurt en 1696. Cet exemple peut servir de référence car ceux qui, par la suite, accèderont à la bourgoisie le devront presque toujours à la conjonction de deux circonstances : tout d'abord une aisance due à l'effort de générations de paysans, et d'autre part, l'acquisition de l'instruction. A la fin du XVIIème siècle, on compte à Trans une dizaine de bourgeois. A l'exception d'un seul, ils appartiennent tous à d'anciennes familles de ménagers aisés : Goiran, Pic, Rey, Geoffroy, Bernard, Garcin (famille qui depuis près d'un siècle compte des notaires de père en fils). La seule exception à cette origine habituelle est constituée par un bourgeois originaire de Digne, Gaspard Tomé sieur de La Plane, que le Marquis de Trans avait choisi comme "rentier" de ses propriétés. Le terme de "rentier" correspond au français "fermier" ; dans l'espèce, c'était un fermier général qui habituellement donnait à son tour à ferme à des paysans les biens qui lui étaient confiés. Gaspard Tomé de La Plane se fixera à Trans et sa descendance s'y maintiendra jusqu'au début du XIXème siècle. Ces bourgeois jouent un rôle important dans l'administration municipale. A l'époque, on considère qu'étant les plus imposés, ils ont intérêt à bien administrer, de plus ils sont instruits. De 1650 à 1700, sur cinquante premiers consuls élus annuellement, on compte 44 bourgeois. De plus, en 1666, à l'initiative de divers bourgeois, soucieux d'ordre, l'autorité judiciaire a doté Trans d'un règlement municipal destiné à mettre fin aux abus résultant de l'absence d'un règlement. Ce règlement de 1666 qui restera en vigueur jusqu'à la Révolution, réserve la qualité d'électeurs aux seuls habitants de Trans inscrits au cadastre, ce qui représente d'ailleurs une forte majorité de la population. De plus, le premier consul doit posséder pour le moins une livre cadastrale (soit un revenu cadastral de mille livres) et, pour les autres fonctions municipales, un certain revenu moins important est exigé. Enfin, le premier consul et le premier auditeur des comptes doivent lire et écrire, ce qui est important à une époque où l'anaphalbétisme est encore fréquent. Ces prescriptions ont pour résultat de réduire le nombre de ceux qui peuvent accéder aux fonctions municipales. Pour la charge de premier consul par exemple, ils sont à peine une vingtaine à remplir les conditions exigées par le règlement. C'est la prépondérance des bourgeois qui est assurée. Elle durera jusqu'en 1789.

 

Suite dans l'article suivant...

 

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