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Trans en Provence au fil de la Nartuby
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Trans en Provence au fil de la Nartuby
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28 février 2014

Rapports entre le seigneur et le prieur en 1788

 

Caricature-des-3-ordres-1789

 

Quels étaient les rapports que les trois ordres entretenaient à la veille de la Révolution ? La discussion qui suit en donne une idée. Il s'agit de la correspondance entre le seigneur et le prieur curé de Trans au sujet d'un travail à faire pour rendre les débordements de la rivière moins catastrophiques. Les deux interlocuteurs font assaut de politesse, de prévenances et de manifestations de cordialité. Leurs lettres sont on ne peut plus évocatrices de la vie au XVIIIème siècle.

  

Mémoire adressé par le seigneur

 

"Le prieur-curé de la paroisse de Trans possède un petit pré sec le long de la rivière, vis-à-vis les terres du    Gabre appartenantes au seigneur marquis de Trans. Depuis quelques années, les fréquents débordements de la Nartuby ont changé son lit dans cette partie ; ils ont entamé la terre du Gabre, de sorte qu'elles sont diminuées au moins d'une journée de labour (Note : une journée de labour désigne une étendue de terre qu'il faut une journée pour labourer). Le seigneur marquis a fait des réparations défensives en 1788 pour forcer la rivière de tirer en ligne droite et pour regagner le terrain qu'il a perdu ; mais tous ces ouvrages ont été emportés, et le dommage a été encore augmenté parce que le pré du sieur prieur forme un angle aigu et par conséquent offensif ; il repousse l'effort des eaux sur les terres du Gabre qui sont plus basses. Enfin en 1787, le seigneur marquis a resséré la rivière et a dirigé les réparations de manière à la forcer de parcourir une ligne droite, ce qui a commencé à produire son effet ; mais comme l'angle du pré du sieur prieur pourrait être endommagé et que le seigneur marquis n'a pas l'intention de lui porter préjudice, il lui propose de lui vendre à l'estime une partie de ce pré pour la couper et tracer à la rivière un nouveau lit en ligne droite, ce qui sera non seulement utile au seigneur, mais encore à tous les propriétaires riverains qui sont au dessous du sieur prieur."

 

Réponse du prieur-curé

 

Tout arrangement qui sera utile à Monsieur le marquis sera toujours agréable au prieur, curé de la paroisse de Trans, si le coupement désiré ne doit pas trop préjudicier à un fond dont le prieur n'est que l'usufruitier, il sera bientôt consenti à la seule condition qu'il sera gratuit et, par conséquent, sans estimation quelconque. Si la rivière trouve un angle aigu, ce n'est pas la faute du prieur qui n'a jamais fait d'ouvrage dans son terrain. Bien plus, il peut avancer que la rivière se serait alignée si Monsieur Bernard ne s'était pas permis, il y a quelques années, de faire, dans le pré du prieuré, un coupement qui a donné, aux terres du Gabre, l'addition considérable d'un fond qui était alors en valeur et que le prieur aurait pu réclamer ; mais, insensible à son intérêt personnel, il aima mieux se taire que d'exposer une famille à des peines et à des dommages-intérêts. Le prieur s'est réservé dans son bail, qui doit commencer en 1790, la faculté d'aliéner les terres annexées à son bénéfice, en remplissant les formalités requises qui, dans le système du temps présent, ne sont ni difficiles, ni coûteuses. Si Monsieur le marquis pouvait avoir envie d'acquérir ce pré sous une pension stipulée, parce que le prieur se fait une délicatesse d'en recevoir le prix, et que peut-être il ne le pourrait pas légalement, il se fera un plaisir de le favoriser et de le satisfaire.

 

Note du marquis

 

Monsieur le marquis de Trans n'aurait pas l'indiscrétion de demander à Monsieur le prieur le coupement de son pré, s'il devait le détériorer ; il ne s'agit que d'un angle le long de la rivière, lequel, étant coupé, donnera un cours libre et direct aux eaux et évitera beaucoup de dommages.

 

       Source : D'après Les Archives de Trans en Provence - N°61 - Juin 1937.

 

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